Halte à la censure des réunions antifascistes dans les universités berlinoises!

Le parti d'extrême droite AfD (Alternative pour l'Allemagne) est de plus en plus intégrée au travail parlementaire, et une grande partie de l'Union chrétienne-démocrate (CDU) envisage sérieusement de faire entrer directement ces fascistes au gouvernement. Dans ce contexte, l'Université libre de Berlin (FU) cherche à museler ses étudiants et à interdire toute critique de ce parti d'ultra-droite.

Le groupe universitaire «Studis gegen Rechts» (Étudiants contre la droite) avait annoncé des réunions dans les trois principales universités berlinoises. Parmi les sujets à être discutés figuraient la lutte contre l’AfD et la création de son organisation de jeunesse «Génération Allemagne». L'Université libre de Berlin a ensuite interdit la réunion, pourtant approuvée, quelques heures seulement avant son début, arguant qu'elle violait son principe de neutralité car dirigée contre un parti spécifique. De son côté, l'Université Humboldt a déclaré que les réunions n'avaient pas été enregistrées auprès d'elle et ne pouvaient donc pas avoir lieu.

Seule l'Université technique de Berlin a autorisé la tenue du rassemblement étudiant, qui a réuni des centaines de personnes. Cependant, l'université a conditionné son autorisation à l'interdiction de toute déclaration à caractère politique. Ces décisions universitaires avaient été précédées de lettres de l'AfD exigeant l'interdiction des réunions.

Ces actes constituent un exemple flagrant de censure politique qu’on ne peut tolérer. L'IYSSE (Etudiants et Jeunes internationaux pour l’égalité sociale) appelle tous les étudiants à protester contre cette censure auprès du comité exécutif de la FU et à défendre les ‘Étudiants contre la droite’! Les étudiants ne doivent pas être privés de leur droit de s'exprimer contre les tendances d'extrême droite, alors que de plus en plus de professeurs adoptent de telles positions et que les universités se transforment en centres de réflexion militaristes. Les étudiants ont non seulement le droit, mais aussi le devoir historique de s'opposer à la guerre et au fascisme.

La justification pseudo-juridique avancée par la FU, selon quoi elle serait contrainte par l'obligation de neutralité imposée aux institutions étatiques d'interdire les manifestations antifascistes, est absurde et fallacieuse. Les universités se comportent de manière neutre lorsqu'elles permettent à tous les étudiants de débattre de leurs opinions politiques lors d'événements, et non lorsqu'elles décident de façon despotique quelles positions peuvent être représentées et lesquelles ne le peuvent pas.

L'argument de la neutralité devient grotesque lorsque ce n’est pas la promotion d'un parti spécifique qui est proscrite, mais bien plutôt toute critique d’un parti en particulier. Comment les étudiants peuvent-ils discuter sérieusement d’événement politiques sans examiner de manière critique des partis distincts?

En réalité, tous ces discours sur la neutralité ne servent qu'à museler les étudiants. Le 22 octobre 2024, suite à la répression brutale des manifestations étudiantes contre le génocide à Gaza, l'Université libre (FU) avait déjà adopté une nouvelle «politique» qui privait fondamentalement les étudiants de tout droit à la parole sur les questions politiques générales aux réunions tenues à l’université. Ce droit n'était autorisé que dans le cadre de la «recherche et de l'enseignement», c'est-à-dire réservé aux professeurs. Ce n’est pas là de la neutralité, mais de l'autoritarisme wilhelminien (c'est-à-dire royaliste)! Les professeurs invitent régulièrement des personnalités politiques de divers partis dans leurs universités pour qu'elles s'expriment sur des sujets politiques, mais il est interdit aux étudiant de le faire.

En juin, l'Université Humboldt a tenté de censurer une réunion organisée par l'IYSSE, qui dénonçait le génocide de Gaza et la politique de guerre du gouvernement allemand. L'université a affirmé que les étudiants n'étaient pas autorisés à exprimer leurs opinions politiques générales par des manifestations ou des réunions. Après une vague de protestations cependant, l'administration universitaire a dû faire marche arrière et autoriser la réunion. Elle a désormais informé l'IYSSE que les étudiants étaient autorisés à exprimer leurs opinions politiques lors de réunions et d'événements, et que cela s'appliquait également au groupe ‘Étudiants contre la droite’.

Alors que les étudiants subissent des restrictions toujours plus importantes à leur liberté d'expression, les universités, elles, sont loin d'être neutres; elles prennent de plus en plus parti pour le militarisme allemand et défendent des positions politiques d'extrême droite. De nombreux événements ont eu lieu à l'Université libre (FU) et à l'Université Humboldt (HU) pour promouvoir le réarmement et la guerre contre la Russie. Lorsque le professeur d'extrême droite Jörg Baberowski, de la HU, a été critiqué par l'IYSSE pour avoir banalisé la violence contre les réfugiés et glorifié Adolf Hitler, l'administration de l'université a explicitement soutenu ce professeur et attaqué l'IYSSE.

La censure dans les universités berlinoises fait partie d’une évolution inquiétante. Avant même les dernières élections législatives allemandes, le chancelier Friedrich Merz (CDU) avait conclu un pacte avec l'AfD. Son chef de groupe parlementaire Jens Spahn et la présidente du Bundestag Julia Klöckner, préparent depuis longtemps l'entrée directe de l’AfD au gouvernement, avec le soutien du groupe de presse ultra droitier Springer.

Cela correspond parfaitement à la logique de leur politique. Une remilitarisation à hauteur de mille milliards d’euros, le soutien au génocide de Gaza et les massives attaques sociales sont incompatibles avec la démocratie. Afin de rendre l'Allemagne à nouveau «apte à la guerre», on restreint les droits démocratiques, on intensifie l'incitation à la haine contre les migrants et on intègre finalement les fascistes au gouvernement.

La seule raison pour laquelle Merz et le chef du SPD Lars Klingbeil hésitent à franchir ce pas est la crainte qu'une coopération ouverte avec l'AfD n'entraîne des manifestations de masse, comme ce fut le cas en début d'année. À cet égard, la «Gleichschaltung» (mise au pas) des universités, qu’on veut à présent imposer en muselant les étudiants, est une condition préalable pour faire avancer l’intégration des fascistes au gouvernement.

Il s'agit là d'un phénomène international. Aux États-Unis, Trump instaure déjà une dictature présidentielle pour imposer les intérêts d’une oligarchie financière incroyablement riche au détriment de la population. Afin de mettre en œuvre ses plans de guerre et de détruire le maigre système de sécurité sociale, il intensifie la persécution des travailleurs immigrés, déploie l'armée sur le territoire national et collabore avec des gangs de nervis d'extrême droite. Un élément essentiel de ses ambitions dictatoriales est la mise au pas des universités.

L'IYSSE a invité le socialiste américain David North à l'Université Humboldt le mardi 18 novembre pour faire le point sur ces développements et discuter d'une perspective socialiste dans la lutte contre Trump sous le titre «Où va l'Amérique?»

Dans le contexte de la censure dans les universités berlinoises et de l'intégration de l'AfD à la politique officielle, cette réunion revêt une importance particulière. Il est essentiel de comprendre que la crise du capitalisme est à l'origine du développement de la guerre, de la dictature et des inégalités sociales. L'arrivée au pouvoir de Trump, pas plus que la montée de l’extrême-droite en Allemagne, n'est un phénomène passager. Ces événements montrent bien plutôt que le pouvoir des milliardaires n’est plus compatible avec les besoins de la population.

De tout cela découle la perspective socialiste de l'expropriation des grandes banques et trusts et de leur mise sous contrôle démocratique. La mise en œuvre de cette perspective exige la mobilisation de la classe ouvrière internationale, c'est-à-dire celles et ceux qui créent toute la richesse et supportent l'intégralité du fardeau de la guerre et des crises économiques. C'est là la seule perspective viable pour défendre les droits démocratiques. Nous appelons donc tous les étudiants qui veulent lutter contre la guerre et le fascisme à rejoindre ce combat et à assister au meeting avec David North mardi.

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