Perspective

Mobilisons la classe ouvrière contre Trump et son programme de faim

Stephanie Duboc, originaire d'Eagle River, en Alaska, fait ses courses à la banque alimentaire Chugiak-Eagle River Food Pantry, située dans une église presbytérienne à Eagle River, en Alaska. [AP Photo/Mark Thiessen]

La menace de l'administration Trump de supprimer les bons alimentaires pour des dizaines de millions de personnes est l'une des attaques les plus brutales jamais perpétrées contre la classe ouvrière américaine. À partir de samedi, 42 millions de personnes – soit un Américain sur huit – qui dépendent du programme d'aide alimentaire supplémentaire (SNAP) seront soudainement confrontées au risque immédiat de la faim.

Cette attaque brutale contre la classe ouvrière doit être contrée par un mouvement de masse des travailleurs, unissant la lutte contre la dictature naissante de Trump à la lutte contre l'oligarchie capitaliste et les inégalités sociales stupéfiantes qui sous-tendent son accession au pouvoir.

Vendredi après-midi, deux juges fédéraux ont rendu des décisions rejetant la fausse affirmation de Trump selon laquelle le gouvernement ne peut pas utiliser le fonds d'urgence de 5,5 milliards de dollars pendant la fermeture pour maintenir le fonctionnement du programme des bons alimentaires. Mais même si Trump se conforme à l'ordonnance – ce qui est loin d'être certain, étant donné le mépris systématique de la loi par son administration dans sa volonté d'établir une dictature présidentielle –, cela ne suffira pas pour rétablir le financement à temps pour demain.

Il faudra plusieurs jours pour relancer les paiements, car aucune préparation n'a été faite pour débloquer les fonds. L'un des juges fédéraux a ordonné au gouvernement de déterminer d'ici lundi « s'il autorisera au moins des prestations SNAP réduites pour novembre » [c'est nous qui soulignons]. Une fois que le financement des bons alimentaires reprendra, si tant est qu'il reprenne, la moitié des bénéficiaires découvriront que leurs prestations ont été réduites ou supprimées complètement en vertu du fameux « Big Beautiful Bill » de Trump.

L'attaque contre les prestations SNAP s'inscrit dans le cadre d'une contre-révolution sociale plus large qui s'intensifie rapidement. Le financement du programme d'aide alimentaire Women and Infant Children (WIC), qui soutient 7 millions de personnes, expire également samedi. Head Start, le programme d'éducation de la petite enfance, sera également à court de fonds.

Dans le même temps, la période d'inscription à l'assurance maladie Obamacare commence samedi, et l'expiration des crédits d'impôt fédéraux aura un impact dévastateur sur des millions de personnes. Les primes d'assurance maladie devraient monter en flèche, les coûts pour de nombreuses familles doublant et certains ménages étant contraints de dépenser jusqu'à un quart de leurs revenus pour conserver une couverture de base.

Des centaines de milliers de fonctionnaires fédéraux sont contraints de travailler sans salaire en raison de la fermeture, tandis que la classe dirigeante s'apprête à démanteler ce qui reste du filet de sécurité sociale. En tête de liste des cibles figurent la sécurité sociale, Medicare et Medicaid, des programmes considérés par l'oligarchie financière comme des ponctions intolérables sur les profits.

Dans le secteur « privé », l'élite patronale, qui affiche des profits records et des cours boursiers à des niveaux historiques, menace de procéder à une nouvelle vague de licenciements collectifs. Amazon et UPS suppriment des dizaines de milliers d'emplois, et des centaines de milliers d'autres devraient être automatisés dans les années à venir. L'industrie automobile subit de vastes suppressions d'emplois, en partie alimentées par l'impact de la guerre commerciale. Pendant ce temps, la purge des travailleurs du secteur technologique et des cols blancs, motivée par l'intelligence artificielle, se poursuit à un rythme effréné.

Au début de la fermeture du gouvernement, le Parti de l’égalité socialiste écrivait : « La classe ouvrière doit intervenir dans cette crise, en mobilisant son immense pouvoir social, pour forcer l'administration Trump à quitter le pouvoir et mettre fin à ses complots criminels. »

C'est là l’enjeu fondamental. Trump représente une oligarchie qui mène une guerre contre la société, supervisant le plus grand transfert de richesse de l'histoire américaine. Vendredi après-midi, alors que des millions de personnes se démenaient pour savoir comment elles allaient se nourrir ce week-end, ce représentant du monde criminel a passé son temps à publier des dizaines de photos de sa salle de bains rénovée en or et en marbre à la Maison-Blanche.

Les efforts de l'administration visant à instaurer une dictature traduisent la volonté de la classe dirigeante d'imposer des salaires de misère, de maximiser les profits des entreprises et d'assurer la domination d'une petite élite financière par la répression militaire et policière. C'est un gouvernement – et un ordre social – qui échappe à tout contrôle.

Dans tout le pays, la Garde nationale est mobilisée en prévision d'une opposition de masse. Des plans sont en cours de finalisation pour mettre en place des forces de « réaction rapide » composées d'environ 500 soldats dans chacun des 50 États, prêtes à être déployées dans les 24 heures pour réprimer les « troubles civils » dans les villes américaines. La classe dirigeante se prépare à répondre à l'aggravation de la crise sociale, y compris à la possibilité d'émeutes de la faim, par la violence d'État afin de défendre la richesse et le pouvoir de l'oligarchie financière.

Le Parti de l'égalité socialiste appelle à développer une opposition de masse au programme de faim et de dictature de l'administration Trump par la mobilisation indépendante de la classe ouvrière. Des comités de base doivent être formés dans chaque quartier, chaque lieu de travail et chaque école afin d'organiser la résistance, d'unir les luttes des travailleurs et des jeunes de tous les secteurs et de toutes les régions, et de préparer une contre-offensive coordonnée contre l'oligarchie capitaliste.

La démocratie et l'oligarchie sont incompatibles. En opposition au programme de dictature et de régression sociale, il faut construire un mouvement, ancré dans la classe ouvrière, pour l'égalité et un véritable contrôle ouvrier. La coterie de milliardaires qui constitue la véritable base sociale de Trump doit être expropriée, les entreprises valant des milliers de milliards de dollars doivent être nationalisées et placées sous la direction des travailleurs.

Cette lutte ne peut être définie par le Parti démocrate, l'autre parti de Wall Street et de l'impérialisme américain, ni ne peut lui être subordonnée. Les démocrates sont uniquement motivés par la nécessité de contenir l'immense opposition sociale qui bouillonne à travers le pays. Ils se limitent à des critiques impuissantes tout en suppliant Trump et ses conspirateurs de droite de conclure un accord « bipartisan », c'est-à-dire un accord qui ratifie des coupes historiques dans les dépenses sociales.

Lors des manifestations « No Kings », les démocrates qui ont pris la peine de se présenter ont exhorté les participants à ne rien faire d'autre que d'écrire à leurs représentants au Congrès et d'attendre les élections de mi-mandat qui pourraient ne jamais avoir lieu.

La bureaucratie syndicale s'aligne de plus en plus sur Trump. Jeudi, les dirigeants de dix grands syndicats, dont le président des Teamsters, Sean O'Brien, et le président de l'AFGE, Everett Kelley, ont rencontré JD Vance et le secrétaire aux Transports, Sean Duffy, ainsi que plusieurs dirigeants de compagnies aériennes. La réunion, officiellement axée sur le chaos probable des transports pendant Thanksgiving en raison de la fermeture, a été utilisée pour dénoncer les démocrates et exiger que le Congrès capitule complètement et rouvre le gouvernement selon les conditions de Trump.

Cela exprime la véritable fonction de la bureaucratie syndicale en tant que soutien de la bourgeoisie. Les laquais corrompus de la classe moyenne supérieure qui peuplent l'appareil syndical travaillent avec le gouvernement et les entreprises pour freiner, frustrer et trahir les travailleurs, empêchant ainsi la colère sociale de se transformer en un mouvement de masse.

C'est pourquoi le Parti de l'égalité socialiste appelle à la création de comités de base dans chaque lieu de travail, quartier et école – reliés entre eux par l'Alliance ouvrière internationale des comités de base (IWA-RFC) – afin de coordonner les luttes des travailleurs et des jeunes. Ces comités doivent exiger le rétablissement immédiat de l'aide alimentaire, la fin de tous les licenciements et la réorganisation de la vie économique pour satisfaire les besoins sociaux, pas le profit privé.

Les travailleurs doivent exiger le démantèlement de la machine de guerre du Pentagone et la réaffectation de son budget annuel de plus de 1000 milliards de dollars pour répondre aux besoins sociaux urgents, en garantissant à tous de la nourriture, un logement, des soins de santé, une éducation et des emplois décemment rémunérés. L'ensemble de l'appareil répressif doit être aboli, à commencer par le démantèlement de l'Immigration and Customs Enforcement (ICE) et la fin immédiate des rafles et des expulsions anti-immigrés qui terrorisent les communautés ouvrières à travers le pays.

La lutte contre la faim, la pauvreté et la dictature est indissociable de la lutte contre le capitalisme lui-même. La classe ouvrière, unie au niveau international, doit prendre le pouvoir entre ses mains, exproprier les oligarques et construire une société socialiste fondée sur l'égalité, la dignité humaine et une véritable démocratie.

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