Le gouvernement Trump a annoncé mardi qu’il prévoyait d’annuler les conclusions de 2009 sur le danger des gaz à effet de serre, qui ont établi que les émissions de gaz à effet de serre « menacent la santé et le bien-être publics». Une mesure-clé dans l’élimination de toute réglementation aux États-Unis concernant le changement climatique.
Si cette annulation se concretise, elle privera l'Agence de protection de l'environnement (EPA) de son autorité pour réguler les gaz à effet de serre, en particulier le dioxyde de carbone et le méthane, dans les transports, la production d'électricité et d'autres secteurs industriels. Cela affectera environ 1 000 milliards de dollars de réglementations existantes et démantèlera en même temps les capacités de recherche scientifique de l'agence.
Cette décision intervient quelques jours seulement après que la Cour internationale de justice a rendu un avis consultatif unanime selon lequel le changement climatique est «un problème existentiel d'ampleur planétaire qui met en péril toutes les formes de vie et la santé même de notre planète». Bien qu'inefficace en termes d'application, ce rapport de l'agence des Nations Unies expose clairement la réalité scientifique des risques posés par le changement climatique.
La polémique de Trump contre le changement climatique s'inscrit dans le contexte d'une attaque plus générale de l'gouvernement contre la science dans son ensemble. Il a toujours incarné les éléments les plus obscurantistes et médiévaux de l'oligarchie américaine, qui ont commencé dès son premier mandat à attaquer la santé publique, au début de la pandémie de coronavirus. Son «Big Beautiful Bill» (loi budgétaire) promulgué récemment vise à démanteler la recherche scientifique dans toutes les agences américaines, se concentrant en particulier sur le climat et l'environnement.
Pour mener à bien ses attaques spécifiques contre les réglementations de l'EPA, Trump a nommé à la tête de l'agence l'un de ses proches alliés, Lee Zeldin, qui le soutient depuis des années. Zeldin faisait partie des 139 députés républicains qui votèrent contre une confirmation de la victoire de Joe Biden à l’élection présidentielle de 2020 dans les heures qui ont suivi la tentative de coup d'État de Trump, le 6 janvier 2021.
L'approche adoptée par Zeldin à l'EPA va bien au-delà d’une mise en cause des conclusions sur la menace des gaz à effet de serre. En mars 2025, il a annoncé ce qu'il a qualifié de « jour de déréglementation le plus important de l'histoire des États-Unis » et visait à annuler 31 réglementations environnementales majeures. Plus spectaculaire encore, le gouvernement a supprimé ce mois-ci le Bureau de la recherche et du développement de l'EPA, réduisant les effectifs de l'agence de 16 155 à 12 448 employés, soit une réduction de 23 pour cent, ce qui a entraîné le licenciement de jusqu'à 1 155 scientifiques travaillant sur la contamination par les PFAS (produits chimiques synthétiques « éternels »), les maladies d'origine hydrique, la pollution atmosphérique et la recherche climatique.
Zeldin a annoncé ses vastes mesures de déréglementation chez un concessionnaire de poids lourds d'Indianapolis, se réjouissant qu’elles constitueraient «la plus grande dérégulation de l'histoire des États-Unis». Ces commentaires font écho à sa déclaration, faite après sa nomination à la tête de l'EPA, qu’il «poignarderait en plein cœur la religion du changement climatique». Un éditorial du Wall Street Journal, s'exprimant au nom des intérêts américains du secteur des énergies fossiles, a célébré l'imminente annulation comme le «Jour de la Libération».
Les fondements pseudo-scientifiques de cette décision reposent sur un rapport commandé par le ministère de l'Énergie (initiales anglaises DOE), auquel ont participé cinq scientifiques, dont Steven E. Koonin et John Christy, connus pour leur rejet de la quasi-totalité des preuves établissant un lien entre les émissions de gaz à effet de serre et la hausse des températures. Le rapport du DOE a servi à rédiger le document de 302 pages proposant d'annuler les conclusions de 2009 disant que les gaz à effet de serre constituent un danger pour la santé publique et peuvent donc être réglementés par la Loi sur la qualité de l'air. Le nouveau document de l'EPA affirme qu'il existe une base pour supprimer la réglementation sur les gaz à effet de serre, car les conclusions de 2009 « constituaient une analyse déraisonnable des données scientifiques et les développements récents jettent un doute important sur la fiabilité des conclusions ».
En réalité, les données scientifiques sur l'impact de l'activité industrielle capitaliste sur le réchauffement climatique sont claires et bien établies. Le lien direct entre la quantité de chaleur captée par l'atmosphère terrestre, et donc la température moyenne de surface, et la quantité de dioxyde de carbone dans l'atmosphère a été démontré par Svante Arrhenius en 1896. Des mesures régulières du CO₂ atmosphérique ont débuté à l'observatoire du Mauna Loa en 1958, qui a enregistré pendant 67 ans l'augmentation constante de la concentration de gaz à effet de serre dans notre atmosphère.
Tous les relevés de la température moyenne de la Terre ont montré une augmentation constante au cours du siècle dernier, avec une forte accélération au cours des 40 dernières années. De nombreux rapports du Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat (GIEC) des Nations Unies, d'innombrables articles évalués par des pairs et même des rapports scientifiques américains, y compris certains produits sous le précédent gouvernement Trump, ont tous démontré de manière irréfutable le lien entre les gaz à effet de serre et la hausse des températures sur la Terre, et que ces deux phénomènes sont dû à l’activité humaine.
L'un des points forts de cette recherche a été le prix Nobel de physique 2021, décerné à Syukuro Manabe et Klaus Hasselmann pour avoir étendu le modèle original d'Arrhenius afin de montrer, à l'aide de modèles informatiques avancés, que les changements dans la teneur en dioxyde de carbone de l'atmosphère ont de vastes implications pour le climat de la Terre.
Sans parler de l’expérience vécue par des centaines de millions de travailleurs et de jeunes à travers le monde qui ont souffert pendant plus d’une décennie et demie de sécheresses plus longues, d’ouragans plus puissants, de vortex polaires, d’incendies de forêt endémiques, d’inondations meurtrières et de vagues de chaleur dévastatrices. Toutes, des conséquences « météorologiques extrêmes» du changement climatique qui n’avaient pas été prévues en 2009.
Des millions de vies ont été perdues dans le monde entier, et des millions d'autres sont menacées par l'accélération constante du changement climatique. On estime que d'ici 2050, jusqu'à un milliard d'êtres humains devront se déplacer pour survivre à la famine, aux inondations et à d'autres catastrophes, conséquences directes du changement climatique.
Les conséquences vécues au cours des 16 dernières années montrent clairement que non seulement les «développements» ont continué à confirmer les avertissements émis par les climatologues qui avaient commencé à apparaître en masse dans les années 1980, mais aussi que les réglementations de l’ère Obama étaient totalement inadéquates pour répondre à l’une des plus grandes crises induites par le capitalisme.
L'attaque de Trump n'est cependant pas juste le fruit d'une compréhension rétrograde et bornée du président. Elle représente un tournant de l'oligarchie américaine tout entière vers une réaction et une violence encore plus radicales contre la classe ouvrière, dans sa quête permanente de profit.
L'EPA a été créée en 1970, en grande partie pour faire respecter la Loi sur la qualité de l'air de 1963 et purifier l'air pollué qui empoisonnait les villes américaines depuis des décennies. Des villes comme Los Angeles, Pittsburgh, New York et Détroit étaient souvent recouvertes de smog industriel pendant des jours, des semaines, voire des mois. L'agence estime que les efforts de réduction de la pollution atmosphérique ont permis de sauver au moins 230 000 vies aux États-Unis, d'éviter 200 000 crises cardiaques et d'éviter des millions de cas de problèmes respiratoires.
Les efforts déployés par le gouvernement Trump pour assouplir la réglementation sur les gaz à effet de serre nous ramènent à une époque où le simple fait de respirer pouvait étouffer un travailleur. Le coût de la réglementation est jugé trop élevé et les travailleurs sont considérés comme des articles remplaçables dans les rouages du capitalisme.
Il ne s'agit pas seulement d'une question de gouvernements différents ou de partis bourgeois différents. Les gouvernements Obama et Biden ont été tout aussi incapables de faire face au changement climatique. Ils ont mis en place des réglementations conçues non pas pour lutter sérieusement contre le réchauffement climatique, mais plutôt pour garantir que l'économie américaine profite pleinement des avancées technologiques émergentes, notamment des différentes formes d'énergies renouvelables et des véhicules électriques.
La véritable solution au changement climatique réside dans le remplacement du système de profit par une planification démocratique et scientifique, allant à l’encontre des profits des grandes sociétés et des rivalités entre États-nations. Cela nécessite de se tourner vers la classe ouvrière, la seule force sociale révolutionnaire internationale, dans le cadre du combat politique contre le capitalisme et pour le socialisme, pour que l'humanité puisse s'attaquer à la crise climatique avec l'urgence et l'ampleur que cela exige.
(Article paru en anglais le 31 juillet 2025)