Perspective

Il faut élargir la campagne pour libérer de prison le socialiste ukrainien Bogdan Syrotiuk !

Bogdan Syrotiuk à la mi-avril 2024.

La décision de la Cour européenne des droits de l'homme d’accepter l’affaire du socialiste ukrainien emprisonné Bogdan Syrotiuk marque une étape importante dans la lutte pour obtenir sa libération.

Bogdan, fondateur et dirigeant du groupe de jeunesse trotskyste Jeune Garde des Bolcheviks-Léninistes (initiales anglaises YGBL), est emprisonné depuis avril 2024 pour «trahison d'État». S'il est reconnu coupable, il risque de 15 ans de prison à la perpétuité. Son seul «crime» est de s'être opposé à la guerre par procuration menée en Ukraine. Dans une déclaration rédigée quelques jours avant son arrestation, qu'il avait l'intention de prononcer lors d'un rassemblement international du 1er mai, Bogdan déclarait :

En ce jour de solidarité internationale de la classe ouvrière, nous, membres de la section ukrainienne de la Jeune Garde des Bolcheviks-Léninistes et l'ensemble du YGBL, appelons à l'unité du prolétariat ukrainien et russe avec le prolétariat des pays impérialistes pour mettre fin à cette guerre!

Tout en s'opposant à l'invasion de l'Ukraine par le régime capitaliste de Poutine, Bogdan et la YGBL ont insisté sur le fait que le régime de Kiev était une marionnette de l'impérialisme américain et européen. Sous couvert du prétexte frauduleux de la défense de l'autodétermination ukrainienne, le gouvernement Zelensky mène une guerre par procuration, provoquée par l'OTAN afin d'affaiblir la Russie et de créer les conditions pour, finalement, la démembrer. Pour ce qui est de la démocratie, c’est la loi martiale qui prévaut en Ukraine. Zelensky, dont le mandat présidentiel a expiré en mai 2024, règne en dictateur, en violation de la constitution ukrainienne.

Afin de poursuivre la guerre, on mène les incessantes campagnes de «mobilisation» en kidnappant les hommes dans la rue. Des formations néonazies opèrent librement au sein des forces armées et infestent tous les échelons du gouvernement et de l'appareil d'État ukrainiens.

Toutes les justifications avancées pour justifier cette guerre puent l'hypocrisie et le mensonge. Toutes les puissances de l'OTAN, qui sont les instigatrices de cette guerre, soutiennent simultanément l'attaque génocidaire d'Israël contre la population de Gaza.

Bogdan et la YGBL, qui compte des membres et des partisans dans toute l’ex-URSS, se sont toujours opposés à la fois au régime de Poutine et à celui de Zelensky, insistant sur le fait que la guerre ne peut être stoppée que par l’unité de la classe ouvrière ukrainienne et russe.

Les avocats de Bogdan ont porté l'affaire devant la Cour européenne des droits de l'homme, invoquant le caractère illégal de son arrestation. Bogdan, aujourd'hui âgé de 26 ans, a été détenu et emprisonné uniquement en raison de ses opinions politiques, ce qui constitue une violation flagrante de son droit à la liberté d'expression et de pensée.

Mais les violations de la Convention européenne des droits de l'homme ne s'arrêtent pas là. Les décisions des tribunaux montrent que ceux-ci ont systématiquement donné raison à l’accusation, les services secrets ukrainiens (SBU), en copiant simplement le langage de ceux-ci. Le droit de Bogdan à une défense en justice a été gravement compromis par l'intimidation de nombreux avocats. Rien qu'au cours des deux dernières audiences, l'un de ses avocats a été privé de fait du droit d'interroger les témoins de l’accusation, et la demande d'interprète de Bogdan a été rejetée.

Des milliers de travailleurs et de jeunes ont été emprisonnés par Zelensky sous de fausses accusations pour leur opposition à la guerre, à l'austérité et au fascisme. Plus d'une dizaine de partis politiques opposés à la guerre, comme le parti ‘‘Pour un nouveau socialisme’’ dirigé par Maxim Goldarb, ont été interdits, leurs bureaux perquisitionnés et leurs dirigeants arrêtés ou forcés à s'exiler.

Bogdan a été arrêté dans un contexte d'opposition croissante à la guerre. Selon un récent sondage, 70 pour cent des Ukrainiens pensent que leurs dirigeants utilisent la guerre pour s'enrichir. Près de la moitié, soit 47 pour cent, estiment que «l'Ukraine sera un pays dépeuplé et son économie ruinée» d'ici dix ans.

En Russie aussi, l'opposition à la guerre s'est accrue. Le régime oligarchique de Poutine a réagi en intensifiant la censure, en arrêtant ceux qui critiquent la guerre et en attisant un chauvinisme grand-russe toujours plus féroce.

Seule une petite partie des plaintes déposées contre le gouvernement ukrainien ont été acceptées par la Cour européenne des droits de l'homme, institution juridique clé de l'impérialisme européen. C’est dans un nombre d’affaires bien plus restreint encore que la Cour rend des décisions. Dans la quasi-totalité d'entre elles cependant, elle a constaté des violations de la Convention européenne des droits de l'homme. Le fait que la CEDH ait désormais accepté cette plainte témoigne de la gravité des violations envers les droits de Bogdan et de l'efficacité de la campagne lancée par le CIQI pour sa libération.

La recevabilité du cas de Bogdan par la CEDH constitue une première victoire importante, mais même si celle-ci statue en sa faveur, la procédure pourrait prendre de nombreuses années. Bogdan ne dispose pas de ce temps. Il souffre de problèmes de santé et son traitement médical en prison a été inadéquat et tardif.

Le sort de Bogdan dépend de la mobilisation déterminée du plus large soutien possible dans la classe ouvrière, la jeunesse et parmi les intellectuels et les artistes progressistes. Ce n'est pas seulement la vie de Bogdan qui est en jeu, mais les intérêts les plus vitaux de la classe ouvrière du monde entier.

Quinze mois après l'arrestation de Bogdan, il est de plus en plus évident que, pour les puissances impérialistes, la guerre en Ukraine était le coup d'envoi d'un nouveau partage impérialiste du monde. Au Moyen-Orient, elles ont financé et armé le génocide par Israël de la population palestinienne. En juin, Israël et les États-Unis ont bombardé l'Iran. Des préparatifs fébriles sont en cours pour un conflit encore plus vaste avec la Chine. Le massacre de masse en Ukraine et le génocide à Gaza sont le terrain d'essai pour les horreurs que l'impérialisme s'apprête à infliger à la classe ouvrière du monde entier.

Les régimes impérialistes d’Europe occidentale intensifient la guerre et déclarent ouvertement que l’augmentation massive des dépenses militaires est la préparation pour une guerre à venir avec la Russie.

Pour la classe dirigeante, l'arrestation de Bogdan est un élément du militarisme irresponsable et de la répression politique menée contre une opposition grandissante. Pour la classe ouvrière, la lutte pour la libération de Bogdan est un élément essentiel de la défense des droits démocratiques et de la lutte contre la guerre impérialiste et le fascisme.

Nous appelons donc tous les lecteurs du WSWS, les partisans des droits démocratiques et les opposants à la guerre impérialiste à étendre la campagne pour libérer Bogdan.

  • Exigez que la CEDH accélère l’examen du cas de Bogdan!
  • Signez et faites circuler la pétition exigeant sa libération immédiate! Il faut faire connaître son cas le plus largement possible!
  • Soumettez des déclarations et impliquez-vous dans la campagne !
  • Faites un don généreux à la campagne pour sa libération !
  • Luttez pour construire un mouvement anti-guerre socialiste!

(Article paru en anglais le 25 juillet 2025)

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