Le vote imposé par le gouvernement sur les offres « finales » de Postes Canada est en cours

Nous encourageons tous les travailleurs postaux à contacter le Comité de base des travailleurs des postes à l'adresse canadapostworkersrfc@gmail.com ou en remplissant le formulaire à la fin de cet article.

Un bureau de Postes Canada à Winnipeg, au Manitoba [AP Photo/Trevor Hagan]

Un vote imposé par le gouvernement libéral de Carney est actuellement en cours sur les « offres finales » de la direction de Postes Canada, visant à imposer d’immenses reculs à plus de 55 000 travailleurs postaux urbains et ruraux à travers le pays.

Le vote en ligne, qui a débuté lundi et se poursuivra jusqu'à 17 h le 2 août, est la dernière d'une série de mesures antidémocratiques coordonnées par la société d'État, le gouvernement libéral dirigé par les premiers ministres Justin Trudeau et Mark Carney, et l'appareil du Syndicat des travailleurs et travailleuses des postes (STTP) afin de casser l'opposition de la base à une attaque majeure contre le service postal.

Les travailleurs ont largement exprimé leurs vives inquiétudes quant à l'utilisation du vote en ligne. Des milliers d'entre eux sont confrontés à des obstacles pratiques et techniques pour voter. Les travailleurs âgés, ceux qui ont un accès limité à l'internet et les employés des régions rurales ou éloignées ont eu du mal à obtenir leurs identifiants de connexion ou à déchiffrer les communications contradictoires du syndicat et du Conseil canadien des relations industrielles (CCRI), l’organisation non élue qui a interdit une grève des travailleurs postaux en décembre dernier sur ordre du ministre du Travail Steve MacKinnon. L'absence de procédures claires et accessibles a laissé beaucoup de gens dans l'incertitude, ne sachant même pas si leur vote sera comptabilisé.

Les offres odieuses sur lesquelles les travailleurs des services postaux urbains et les facteurs ruraux et suburbains sont contraints de voter mettraient en place de nouvelles catégories de travailleurs à temps partiel et précaires afin d'étendre la livraison des colis à sept jours par semaine. Elles imposeraient un « acheminement dynamique » et une surveillance basée sur l'intelligence artificielle afin d'intensifier la charge de travail et d'éliminer même les brefs moments d'inactivité. Elles proposent des augmentations salariales inférieures à l'inflation et, surtout, jettent les bases structurelles de la suppression de dizaines de milliers d'emplois.

Le plan directeur à cet effet provient directement de la Commission d'enquête sur les relations de travail (CERT), créée par le gouvernement fédéral à la demande de Postes Canada dans le cadre de l'interdiction de grève. L'arbitre William Kaplan, favori de longue date des grandes entreprises, a été nommé à la tête de la CERT, qui a consciencieusement produit un rapport préconisant des changements radicaux pour rendre le service postal « rentable » et « compétitif ».

Ce rapport et les « offres finales » qui en découlent représentent les dernières mesures d'une campagne à grande échelle visant à « amazonifier » Postes Canada au nom du retour à la rentabilité de cette entreprise publique. L'objectif est de reproduire le modèle à bas salaires, à haute vitesse et éreintant mis en place par Amazon et d'autres géants privés de la livraison, en utilisant l'automatisation, la surveillance et le travail précaire pour générer des profits pour les entreprises clientes et les plateformes de commerce électronique. Cela se ferait au détriment direct des postiers et de tous les travailleurs, qui seront confrontés à des attaques similaires contre leurs emplois et leurs conditions de travail si les postiers sont vaincus.

Ian Lee, professeur de commerce à l'université Carleton, ancien cadre de Postes Canada et fervent partisan de la privatisation de la poste, a déclaré ouvertement que la suppression de 40 000 emplois était nécessaire pour « sauver » la poste.

Dans ces conditions, qui posent des questions existentielles pour l'avenir de tous les travailleurs postaux, la bureaucratie du STTP n'a rien fait pour organiser la lutte. Au lieu de mobiliser les travailleurs postaux – et la classe ouvrière en général – pour défendre les emplois et tous les services publics, le syndicat a supplié la direction et le gouvernement fédéral de « faire ce qu'il faut ». Ses propositions n'ont pas été des revendications visant à protéger les emplois et les conditions de travail, mais des suggestions sur la manière dont Postes Canada pourrait améliorer sa rentabilité. Plutôt que de lutter pour la propriété publique et d'étendre la lutte à d'autres travailleurs confrontés à des attaques similaires, l'appareil syndical a accepté l'ensemble du cadre de restructuration.

Les trahisons de la bureaucratie syndicale ne sont pas nouvelles. En décembre dernier, lorsque les travailleurs exigeaient une désobéissance de masse à l'ordre de retour au travail du gouvernement, la direction du STTP a capitulé sans lutter. Elle a accepté l'initiative antigrève comme étant légitime et a salué la création de la CERT, la présentant de manière absurde comme une plateforme qui allait permettre aux travailleurs de faire entendre leur « voix ». En réalité, elle a gagné du temps, permettant au gouvernement et à la direction de finaliser leurs plans et au syndicat de démobiliser l'opposition.

Avant que le vote actuel ne soit imposé par la ministre de l'Emploi Patty Hajdu en collaboration avec le CCRI, le STTP avait demandé un arbitrage exécutoire. Cela aurait privé les travailleurs de leur droit de voter sur tout accord, laissant la décision finale à un arbitre nommé par le gouvernement.

Maintenant que le CCRI et Hajdu sont intervenus pour imposer un vote de ratification, le syndicat prétend s'opposer aux offres, mais seulement en paroles. Il a explicitement exclu toute grève ou toute forme de lutte syndicale, insistant sur le fait qu'un vote négatif persuadera d'une manière ou d'une autre la direction de négocier enfin de bonne foi et de présenter un accord « équitable » pour les postiers. Mais rien au cours de l'année écoulée ne laisse penser que Postes Canada ou le gouvernement soient prêts à faire des concessions. Leur objectif est clair : imposer de vastes reculs puis passer rapidement à la mise en œuvre de l'automatisation, à la restructuration de la main-d'œuvre et à la suppression d'emplois.

Le syndicat a fait tout ce qu'il pouvait pour étouffer l'opposition et démoraliser les travailleurs. Une conférence Zoom nationale organisée le 16 juillet était un événement strictement chorégraphié. Les travailleurs n'étaient pas autorisés à prendre la parole, à poser des questions en direct, ni même à utiliser un tchat public. Toutes les communications passaient par une fonction privée de questions-réponses, où les demandes étaient ignorées en partie ou totalement.

Daniel Berkley, travailleur de Postes Canada et membre du Comité de base des travailleurs des postes (CBTP), a déclaré au World Socialist Web Site : « Le STTP a utilisé cette réunion pour se décharger de toute responsabilité et rejeter toute la faute sur l'entreprise. Ils ont même admis que cette entente n'était qu'un “acompte” sur la prochaine série de coupes. »

Berkley a soumis plusieurs questions et n'a reçu aucune réponse. « La seule réponse que j'ai obtenue était une invitation à continuer de soumettre mes questions », a-t-il déclaré. « Ils réduisent leurs propres membres au silence. » La présidente du STTP, Jan Simpson, a conclu la conférence téléphonique en déplorant que « le NPD ne soit plus à la Chambre pour être notre porte-parole », après que la débâcle des élections législatives du printemps dernier l'ait réduit à seulement sept sièges, et a appelé les travailleurs à voter « non » pour envoyer un message à la direction.

Mais c'est le NPD qui a maintenu les libéraux au pouvoir en recourant à des manœuvres antigrèves lors de luttes précédentes dans les ports, les chemins de fer et ailleurs. Et c'est la bureaucratie du STTP qui n'a cessé de promouvoir ce parti procapitaliste comme un véhicule pour la classe ouvrière.

Ce qui est actuellement soumis au vote n'est pas le fruit de négociations libres. Il s'agit d'un diktat des entreprises et de l'État. Et la direction du STTP n'a pas l'intention de le contester. Cette tâche incombe à la base.

Le CBTP appelle à voter « non » de manière retentissante, non pas comme une protestation creuse, mais comme le début d'une nouvelle stratégie, fondée sur la mobilisation active des travailleurs postaux à travers le pays et la formation de comités de base indépendants dans chaque établissement. Ces comités permettront aux travailleurs de prendre l'initiative, de se préparer à la grève et de lutter pour la défense de tous les emplois et la transformation de Postes Canada en un service public géré pour répondre aux besoins sociaux, et non pour le profit privé.

Ce n'est pas une lutte que les travailleurs postaux peuvent gagner seuls. Les luttes récentes des débardeurs, des cheminots, des travailleurs de l'automobile, des infirmières, des enseignants et d'autres montrent que les travailleurs de tout le Canada sont confrontés aux mêmes problèmes : baisse des salaires réels, privatisation, intensification de l’exploitation et démantèlement des services publics. Le STTP, en étroite collaboration avec le Congrès du travail du Canada et Unifor, a délibérément isolé les travailleurs des postes des autres secteurs afin d'empêcher l'émergence d'une lutte unifiée plus large qui pourrait échapper à leur contrôle et briser le carcan du système de « négociation collective » favorable aux employeurs. La base doit faire ce que la direction refuse de faire : relier ces luttes et appeler à une action commune, y compris à des grèves coordonnées.

La lutte des travailleurs postaux ne peut pas non plus aboutir simplement en faisant preuve d'un peu plus de militantisme. Comme l'a souligné le CBTP dans sa dernière déclaration, l'élargissement de la lutte à d'autres secteurs de travailleurs doit s'accompagner d'une nouvelle perspective politique capable d'opposer les revendications des travailleurs pour des emplois sûrs à la pression exercée par les capitalistes en faveur de l'austérité et de la privatisation.

La déclaration affirme :

Ce combat ne concerne pas seulement les travailleurs postaux. Le gouvernement Carney crée un précédent en matière de suppressions d'emplois, de privatisation et de répression étatique à travers le pays afin de financer des milliards de dollars de nouvelles dépenses militaires en vue d'une guerre contre les « ennemis » du Canada, la Russie et la Chine en tête de liste. L'attaque contre la poste n'est qu'un front parmi d'autres dans une offensive plus large visant à financer les dépenses de guerre et à enrichir l'élite patronale.

Le droit de grève fait l'objet d'attaques coordonnées au niveau fédéral et provincial ; l'intelligence artificielle et les technologies de surveillance sont utilisées comme des armes pour intensifier l'exploitation ; les soins de santé et d'autres services publics sont démantelés pour grossir les profits.

Les travailleurs postaux peuvent et doivent tracer une ligne à ne pas franchir. Nous restons en position de force, car les choses pour lesquelles nous nous battons et contre lesquelles nous luttons sont d'une importance capitale pour tous les travailleurs. Mais seulement si nous agissons collectivement et construisons une nouvelle direction à partir de la base.

Cette position obtient un appui qui grandit. « Nous devrions appeler à une grève générale », a déclaré un postier au WSWS en réponse à la décision du STTP d'exclure toute grève. « Ce combat ne concerne pas seulement nos conventions collectives, il touche tous les travailleurs du pays. »

Ces luttes ont une portée mondiale. Les postiers d'Europe, du Royaume-Uni et des États-Unis sont confrontés à des plans de restructuration presque identiques. C'est pourquoi le CBTP est affilié à l'Alliance ouvrière internationale des comités de base (IWA-RFC), qui œuvre à unir les travailleurs du monde entier pour lutter contre les sociétés transnationales et les gouvernements qui se consacrent à imposer l'austérité.

La situation est claire. Postes Canada, avec le soutien total des libéraux de Carney, se prépare à mener une restructuration majeure au nom du profit. Cela se fera au prix de milliers d'emplois, de conditions de travail dégradées et du démantèlement du service postal en tant qu'institution publique. Le syndicat a clairement fait connaître sa position : il ne fera rien pour empêcher cela. Cette tâche incombe désormais aux travailleurs de la base eux-mêmes.

À tous ceux qui veulent se battre : votez non. Rejoignez le CBTP. Créez des comités de base dans vos dépôts, vos centres de tri et vos centres de distribution. Préparez-vous à une véritable lutte, non seulement pour rejeter cette entente, mais aussi pour tracer une nouvelle voie pour les travailleurs postaux et la classe ouvrière dans son ensemble.

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