Une cellule terroriste fasciste découverte au sein de l’armée canadienne

L'arrestation la semaine dernière de deux membres actifs des Forces armées canadiennes (FAC), d'un ancien combattant des FAC et d'un instructeur des cadets de l'armée dans le cadre d'un complot terroriste armé a révélé, une fois de plus, que l'armée canadienne sert d'incubateur de forces fascistes.

Cinq ans après qu'un réserviste des FAC ait tenté d'assassiner le premier ministre Justin Trudeau, et alors que la classe dirigeante accorde à l'armée des dizaines de milliards de dollars de financement supplémentaire, les activités d'extrême droite parmi les membres des FAC se poursuivent clairement sans relâche.

Le 8 juillet, la Gendarmerie royale du Canada (GRC) a annoncé la découverte d'une cellule fasciste, composée selon elle de quatre hommes qui complotaient pour former une milice antigouvernementale et « s'emparer de terres » près de Québec. Marc-Aurèle Chabot, 24 ans, Simon Angers-Audet, 24 ans, Raphaël Lagacé, 25 ans, et Matthew Forbes, 33 ans, sont accusés de multiples infractions liées au terrorisme et aux armes.

Forbes et Chabot sont caporaux en service à la BFC (Base des Forces canadiennes) Valcartier au sein du 22e Régiment royal « Van Doos », tandis que Lagacé était un membre décoré du programme de formation des cadets de l'armée. Angers-Audet aurait quitté les FAC en raison de son opposition à la vaccination contre la COVID.

Lors d'une perquisition effectuée en janvier 2024 au domicile de Forbes, la GRC a saisi le plus grand stock d'armes jamais trouvé lors d'une perquisition antiterroriste au Canada, comprenant « 16 engins explosifs, 83 armes à feu et accessoires, environ 11 000 cartouches de différents calibres, près de 130 chargeurs, quatre paires de lunettes de vision nocturne et du matériel militaire ». Forbes a été arrêté à ce moment-là, mais les accusations de terrorisme contre les membres de la cellule n'ont été portées que ce mois-ci.

Forbes fait face à des accusations en vertu de la Loi sur les explosifs et de la Loi sur la production de défense, qui « réglemente l'accès aux fournitures militaires ». Forbes aurait obtenu les armes, en nombre suffisant pour commettre un massacre, auprès des FAC. Le rôle d'Angers-Audet au sein du régiment de réserve de l'armée Voltigeurs à Québec était de « faire le maintien de toutes les armes de l'unité, de les régler et de les entretenir ».

Les comploteurs ont promu des théories du complot d'extrême droite sur les réseaux sociaux, dont beaucoup visaient Trudeau, une figure détestée pour l'extrême droite, qui reproche à Trudeau le « wokisme », les confinements liés à la COVID et l'augmentation de l'immigration.

Le groupe a commencé son entraînement paramilitaire en 2021, moins d'un an après la tentative ratée du réserviste Corey Hurren d'assassiner Trudeau en juillet 2020. Le groupe gérait un compte Instagram pour recruter de nouveaux membres. La GRC a commencé ses enquêtes en 2023.

La révélation d'un nouveau réseau de fascistes au sein des forces armées souligne que de telles forces sont cultivées au sein de l'appareil de sécurité nationale canadien – où le nationalisme belliqueux, l'anticommunisme virulent et le soutien à la monarchie et à l'autoritarisme sont profondément enracinés – et qu'il existe une sympathie croissante, voire un soutien ouvert, pour l'extrême droite parmi les hauts gradés.

La volonté des hauts gradés des FAC de soutenir et d'adopter ouvertement l'extrême droite s'est exprimée dans le discours fasciste prononcé fin 2022 par le lieutenant-général Michel Maisonneuve, commandant de l'armée à la retraite, lors d'un congrès du Parti conservateur, et dans l'ovation debout que le chef d'état-major de la Défense et d'autres hauts responsables militaires ont réservée au collaborateur nazi ukrainien et membre de la Waffen-SS Yaroslav Hunka lorsqu'il a été présenté au Parlement en septembre 2023.

Pour l'instant, les questions sont bien plus nombreuses que les réponses. Pourquoi la cellule fasciste a-t-elle été autorisée à poursuivre ses activités 18 mois après la première saisie de ses armes ? Quelle était la nature exacte du complot et des plans du groupe ?

Dans une interview accordée à Global News, le père d'Angers-Audet a affirmé que le groupe avait été infiltré par « un homme étrange, beaucoup plus âgé, d'environ 47 ans ». Qui est cet homme ?

Mission d'entraînement des terroristes des FAC [Photo: Royal Canadian Mounted Police]

Une photo publiée par la GRC montrant ce qui serait l'entraînement militaire du groupe dans une carrière non identifiée montre sept hommes en treillis, et non quatre. Qui sont les trois autres ?

À ces questions, et à d'autres questions plus fondamentales soulevées par la découverte d'un autre groupe fasciste au sein des Forces armées canadiennes, la GRC, les FAC et le gouvernement ont répondu par un haussement d'épaules et quelques mots soigneusement choisis.

Interrogé sur la différence entre le nombre d'hommes sur la photo et le nombre d'accusations portées, le porte-parole de la GRC, Erique Gasse, a répondu : « Nous savons, grâce au compte Instagram, qu'il y a d'autres personnes qui s'intéressent à cette idéologie et qui ont participé à un entraînement de type militaire. La GRC n'enquête pas sur les mouvements ou les idéologies. Elle enquête uniquement sur les activités criminelles d’individus [...] »

En d'autres termes, le milieu fasciste dans lequel évoluent les quatre accusés est beaucoup plus vaste, mais la GRC a décidé de ne punir que les meneurs. On ne peut qu'imaginer à quelles fins la GRC utilise désormais ceux qui risquent d'être accusés de terrorisme. Le milieu des soldats ayant des cadavres dans le placard a fourni d'innombrables agents provocateurs et informateurs.

Bien que les motivations fascistes et le mode opératoire des comploteurs terroristes soient évidents pour tous, les autorités se sont efforcées de les dissimuler.

Le sergent-chef Camile Habel, de la GRC du Québec, a déclaré au Globe and Mail : « En matière d'extrémisme idéologique, les choses ne sont pas claires, de sorte que les gens peuvent rassembler plusieurs idéologies différentes et se les approprier. Je pense que l'élément principal de cette idéologie est l'anti-autoritarisme. Dans ce cas précis, c'était bien cela. Les gens peuvent avoir toute une série de griefs provenant de tous les horizons. »

Pour sa part, le ministre de la Défense David McGuinty a déclaré : « La question de l'extrémisme est présente dans toute la société canadienne. Ce n'est pas quelque chose d'inconnu pour les forces armées du monde entier. »

Les remarques de Habel et McGuinty sont une calomnie à l'égard de la classe ouvrière, et ce à deux égards.

Premièrement, il n'y a pas de soutien de masse de la population pour l'extrémisme fasciste que l'on rencontre couramment dans l'armée canadienne et les forces armées d'autres pays. Au contraire, leurs opinions et leurs actions sont considérées avec dégoût.

Deuxièmement, en tant que porte-parole de confiance de la classe dirigeante, Habel et McGuinty cherchent de manière hypocrite à mettre sur le même plan un complot terroriste fasciste armé et ce que le gouvernement et les agences de renseignement qualifient également d'« extrémisme idéologique » : l'opposition à la guerre impérialiste et au génocide.

L'opposition au soutien du gouvernement au génocide des Palestiniens par Israël est en effet large et profonde parmi les travailleurs, et ce sentiment « anti-autoritaire » terrifie véritablement la classe dirigeante et ses fonctionnaires. En regroupant les fascistes et les opposants pacifiques et convaincus au génocide sous les termes « autres extrémistes » et « opposants à l'autorité », l'État dissimule son propre rôle dans l'incubation et la promotion de forces fascistes et cherche à légitimer sa répression de l'opposition sociale de la classe ouvrière et de la gauche.

Le but premier de la ligne officielle consistant à tergiverser et à minimiser l'importance d'un complot terroriste fasciste armé au sein de l'armée est de détourner l'attention de la vérité essentielle : la classe dirigeante canadienne et son État capitaliste dépendent de plus en plus des forces fascistes et d'extrême droite, tant au niveau national qu'international, pour faire avancer les objectifs de l'impérialisme canadien et soutenir les profits du capitalisme canadien.

Les quatre auteurs du complot terroriste étaient issus du milieu socialement arriéré et de droite qui a produit le « Convoi de la liberté » fasciste et mal nommé en 2022. Le Convoi a mobilisé des camionneurs, des policiers et des anciens combattants, ainsi que des éléments désespérés et désorientés de la classe moyenne inférieure, contre les mesures élémentaires de santé publique, en occupant le centre-ville d'Ottawa et le pont Ambassador reliant Détroit, dans le Michigan, et Windsor, en Ontario. À l'époque, le Commandement des forces interarmées, une unité d'élite de l'armée canadienne, était tellement préoccupé par le fait que ses membres se joignent aux manifestations d'extrême droite qu'il s'est senti obligé de leur donner l'ordre de ne pas le faire.

Comme l'a révélé le WSWS à l'époque, le Convoi a été utilisé – jusqu'à ce qu'il échappe à leur contrôle – par des sections puissantes de la classe dirigeante canadienne comme un instrument brutal pour mettre fin à toutes les mesures de santé publique contre la pandémie de COVID-19 qui faisaient obstacle à l'accumulation des profits capitalistes. Le Parti conservateur a destitué son chef de l'époque, Erin O'Toole, jugé trop conciliant envers Trudeau, et l'a rapidement remplacé par le politicien d’extrême droite Pierre Poilievre, qui s'était imposé comme un fervent partisan du Convoi. Le premier ministre de l'Ontario, Doug Ford, fervent admirateur de Trump, a utilisé son contrôle juridictionnel sur les forces de police pour retarder l'application par la Police provinciale de l'Ontario (OPP) des lois régissant les manifestations et le harcèlement afin d'intensifier et d'aggraver la crise pour Trudeau à Ottawa. La GRC, la police et l'armée étaient infestées de partisans du Convoi, qui leur fournissaient des renseignements et du personnel à chaque occasion.

L'impérialisme canadien n'a absolument aucun problème à collaborer avec des nazis déclarés en Ukraine, qui ont été formés par des officiers canadiens et défendus politiquement et armés par les gouvernements de l'OTAN. Ce sont les fascistes de l'impérialisme canadien, qui exécutent fidèlement ses ordres. Le fait qu'ils arborent des croix gammées et des symboles Sonnenrad et distribuent de la littérature nazie est quelque chose qui doit être passé sous silence et nié, car ils mènent la guerre de l'impérialisme canadien contre la Russie pour des minéraux stratégiques, des ressources et des voies commerciales.

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Les FAC existent pour promouvoir les intérêts prédateurs du capitalisme canadien et du système de profit, qui doivent nécessairement bafouer la liberté et violer les droits humains des populations des pays visés par une intervention violente. « Nous sommes les Forces canadiennes, et notre travail consiste à être capables de tuer des gens », a lancé malicieusement le général Rick Hillier, commandant de la force d'occupation canadienne en Afghanistan, dans un rare moment d'honnêteté.

Des millions de personnes sont mortes à la suite des guerres impérialistes menées au Moyen-Orient depuis 2001. Comme l'a rapporté le WSWS la semaine dernière, la classe dirigeante canadienne reste désespérée de dissimuler les crimes de guerre perpétrés par les FAC en Afghanistan tout en menant une guerre d'occupation néocoloniale. Avant de prendre sa retraite en 2024, l'ancien diplomate Richard Colvin a remis à ses supérieurs du ministère des Affaires mondiales un rapport de 1000 pages – qu'ils ont gardé secret – démontrant que les FAC ont systématiquement commis des crimes de guerre à Kandahar et que le commandement militaire et le gouvernement Harper les ont dissimulés.

Le gouvernement de Mark Carney, qui a servi l'oligarchie financière tout au long de sa vie adulte en tant que banquier central et consultant financier, est hostile à toute enquête sérieuse sur l'extrémisme de droite dans l'armée et l'État canadien. En effet, cela va à l'encontre de son programme et de celui de la classe dirigeante dans son ensemble.

Au cœur de ce programme se trouvent un vaste réarmement et la préparation à une guerre mondiale, les Forces armées canadiennes – dont Carney a déjà augmenté le budget de 9,3 milliards de dollars, soit 17 %, rien que pour cet exercice financier – étant présentées au public comme les « défenseurs » de la « démocratie » et des « valeurs canadiennes ».

En réalité, la classe dirigeante canadienne, à l'instar de ses homologues impérialistes à travers le monde, se tourne vers des méthodes de gouvernement autoritaires. Sous Carney, elle vire brusquement à droite, alignant ses politiques sur celles du président fasciste Donald Trump aux États-Unis et soutenant le génocide des Palestiniens par le régime sioniste et l'impérialisme américain. Le gouvernement libéral adopte des politiques intérieures à la Trump, notamment en réduisant les dépenses sociales, en diabolisant les immigrants, en renforçant les frontières et en criminalisant les grèves au moyen d'une « réinterprétation » manifestement illégale du Code canadien du travail. L'impérialisme canadien espère que cela l'aidera à trouver un modus vivendi avec le dictateur en puissance à la Maison-Blanche, qu'il considère comme le meilleur moyen de promouvoir ses propres intérêts prédateurs à l'échelle mondiale.

Ce programme de guerre de classe ne peut être mis en œuvre démocratiquement, c'est pourquoi la classe dirigeante canadienne intensifiera son soutien aux forces d'extrême droite tant à l'intérieur qu'à l'extérieur de l'armée. Elle a besoin de troupes de choc fascistes pour compléter la répression étatique afin de faire taire l'opposition de la classe ouvrière, qui sera inévitablement de plus en plus radicale et déterminée.

(Article paru en anglais le 16 juillet 2025)

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